X


Oublié votre mot de passe ?

Abonnez-vous

Menu Categories
Store Currency: CAD
Devise:
Le panier est vide (0)

Les deux rats, le renard et l’œuf

Deux rats cherchaient leur vie ; ils trouvèrent un œuf.

Le dîné suffisait à gens de cette espèce :

Il n’était pas besoin qu’ils trouvassent un bœuf.

Pleins d’appétit et d’allégresse,

Ils allaient de leur œuf manger chacun sa part,

Quand un quidam parut : c’était maître renard.

Rencontre incommode et fâcheuse :

Car comment sauver l’œuf ? Le bien empaqueter,

Puis des pieds de devant ensemble le porter,

Ou le rouler, ou le traîner :

C’était chose impossible autant que hasardeuse.

Nécessité l’ingénieuse

Leur fournit une invention.

Comme ils pouvaient gagner leur habitation,

L’écornifleur étant à demi-quart de lieue,

L’un se mit sur le dos, prit l’œuf entre ses bras,

Puis, malgré quelques heurts et quelques mauvais pas,

L’autre le traîna par la queue.

Qu’on m’aille soutenir, après un tel récit,

Que les bêtes n’ont point d’esprit !

 

Pour moi, si j’en étais le maître,

Je leur en donnerais aussi bien qu’aux enfants.

Ceux-ci pensent-ils pas dès leurs plus jeunes ans ?

Quelqu’un peut donc penser ne se pouvant connaître.

Par un exemple tout égal,

J’attribuerais à l’animal,

Non point une raison selon notre manière,

Mais beaucoup plus aussi qu’un aveugle ressort :

Je subtiliserais un morceau de matière,

Que l’on ne pourrait plus concevoir sans effort,

Quintessence d’atome, extrait de la lumière,

Je ne sais quoi plus vif et plus mobile encor

Que le feu ; car enfin, si le bois fait la flamme,

La flamme en s’épurant, peut-elle pas de l’âme

Nous donner quelque idée ? et sort-il pas de l’or

Des entrailles du plomb ? Je rendrais mon ouvrage

Capable de sentir, juger, rien davantage,

Et juger imparfaitement,

Sans qu’un singe jamais fît le moindre argument.

A l’égard de nous autres hommes,

Je ferais notre lot infiniment plus fort :

Nous aurions un double trésor :

L’un, cette âme pareille en tous tant que nous sommes,

Sages, fous, enfants, idiots,

Hôtes de l’univers, sous le nom d’animaux ;

L’autre, encore une autre âme, entre nous et les anges

Commune en un certain degré ;

Et ce trésor à part créé

Suivrait parmi les airs les célestes phalanges,

Entrerait dans un point sans en être pressé,

Ne finirait jamais, quoique ayant commencé :

Choses réelles, quoique étranges.

Tant que l’enfance durerait,

Cette fille du ciel en nous ne paraîtrait

Qu’une tendre et faible lumière :

L’organe étant plus fort, la raison percerait

Les ténèbres de la matière,

Qui toujours envelopperait

L’autre âme imparfaite et grossière.

Projets à utiliser avec cette Fable

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

 

Taille maximale des fichiers à télécharger : 6 Mo. Vous pouvez télécharger: image. Drop file here